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Trois générations de musique cubaine – 1996-2000

1996, je prévois un séjour de 2 mois à Cuba la charmeuse, Cuba l’envoûtante me retient 2 ans. De concerts en spectacles, je croise ceux qui font la musique cubaine, les jeunes, les vieux, ceux qui jouent dans leur cour, ceux qui se produisent sur la scène nationale.

Une première expo se concrétise sur Los Van Van, le groupe le plus connu à cette époque-là. Les Cubains apprécient  les photos de leurs artistes, ils le font savoir.

Et comme le bouche à oreille à Cuba fonctionne mieux que tous les autres moyens de communication, je me retrouve emportée dans une tornade de rythmes, sons, mouvements… Rencontres artistiques…

Le hasard qui fait bien les choses, si on lui donne une chance, m’a emmené chez Compay Segundo un après-midi…

Je tombe en « inspiration », l’homme charme, séduit, oubliant l’appareil photo

les anecdotes reprennent bon train, le rhum coule, les cigares se consument, je photographie, un peu… Ce qu’il faut mais pas plus.

Je savoure, et comprends que ces hommes vont vivre quelque chose d’extraordinaire, mais nous n’avions alors pas idée jusqu’à quel point !…

Ibrahim Ferrer arrive, la bonne humeur s’intensifie, les rires fusent, et une invitation pour le lendemain m’enchante.

La farandole des rencontres ne s’arrêtera que quatre ans plus tard, parsemée de retrouvailles chaleureuses à Amsterdam, inattendues dans les aéroports du Mexique et Cuba, majestueuses à l’Olympia à Paris.

 

Quatre années passionnément habitées par le swing cubain. Quatre années de concerts, de coulisses, d’euphorie, de trac, de complicité entre eux, ces artistes musiciens, jeunes et vieux, et moi «la francesita». Quatre années passées à mettre en image cette musique aux rythmes endiablés du Son, de la Salsa et du Rap. Quatre années de «relations musicales» qui laisseront une empreinte éternelle.

Compay Segundo, c’est donc le rendez-vous… avec la vie.

Comme hors du temps, à chaque fois plus fort en émotion, plus fort en sentiment.

L’admiration l’amour, la tendresse sont à fleur de peau.

Son aura envoûtante transmet la passion d’une musique enracinée.

Alors l’écouter, le regarder jouer, chanter, raconter sa vie devient vite un bonheur.

Il nous rappelle que le quotidien peut-être très beau, qu’il existe des valeurs simples et fondamentales qu’il ne faut plus ignorer.

Plus qu’un exemple, il est l’ambassadeur d’un Cuba par excellence…

Grand séducteur, amoureux de la vie, il sait aimer et se faire aimer.

Il joue de son âge et use de son expérience pour nous offrir le meilleur de la vie,

« Lo mejor de la vida ».

Artiste, maître, génie, grand-père, père, homme, enfant, ami pour chacun de nous il se donne.

Une rencontre offerte par la vie.

Ces photos sont le témoignage de deux vies qui se sont croisées à la Havane juste avant la « consécration » et le succès du Buena Vista Social Club, ma façon de le remercier d’être lui.

 

Ibrahim Ferrer, rencontre aussi furtive qu’indélébile, généreux, charmeur,

il m’invite à boire un café suivi de très près d’un « Ron », pour me présenter sa famille, ses Orishas, son quotidien. Il est heureux, heureux de chanter à nouveau, heureux des cadeaux de la vie. Son enthousiasme est contagieux, il est le soleil.

 

Tout à coup il se lève et décide de m’emmener dans les rues de son « barrio », il veut me présenter quelqu’un… Rubèn Gonzales… la vie est un miracle.

Pianiste génial, Rubèn Gonzales est comme un enfant, il se prête au jeu des photos avec simplicité et complicité…

 

Je repars dans les rues de la Havane que j’aime tant,légère, heureuse moi aussi, et surtout consciente d’avoir vécu un moment magique, exceptionnel, riche, … très riche.

Gracias

 

Christina Alonso

 

Photos prises en 1997 (Havane)